Distribution des Diatomées dans le sédiment
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Obtention de carottes de sédiment.
En
2007, pendant la période aout-septembre, 8 carottes de
sédiment ont été obtenues à l'Île de Groix, entre -5 et -14
mètres, à
l'aide du "carottier" illustré ci-dessous, réalisé
avec 2 seringues de 50 ml.
Une fois le
corps du "carottier" enfoncé d'environ 3 cm dans le sable, la
"pelle" en inox est introduite dessous pour permettre de le retirer
avec la carotte, après quoi, le petit piston est introduit dans
la seringue et poussé jusqu'à l'escamoter.
Soit immédiatement, soit environ 1,5 heure plus tard (le
carottier était alors stocké vertical à
l'obscurité), les 20 mm supérieurs de chaque carotte ont
été fractionnés, à l'aide d'une lame large,
en 5 tranches :
2 supérieures de 3 mm, puis 1 de 4 mm, et 2 de 5 mm. Chaque
tranche a été reprise par 10 ml d'eau de mer et
après plusieurs vives agitations et
sédimentation du sable, le surnageant a
été prélevé et laissé au repos au moins
24h. Le culot obtenu a été stocké dans 1ml
d'eau plus 4% de formol.
Les sables ont été séchés et leur classe
granulométrique déterminée (classification de
Larsonneur et al. 1982, voir bibliographie).
Cinq carottes, (dont 3
obtenues au site C, voir ci-dessus), ont été réalisées dans du
sable fin/moyen (diamètre des grains 0,2 à 1 mm), une dans du sable moyen/grossier (diamètre 0,5
à 2 mm) et deux dans du sable grossier (diamètre 0,5
à 4 mm).
Distribution des Diatomées dans le sédiment
Dans
les 8 carottes obtenues en 2007, des
frustules "vides" (pas de cellule vivante) sont présents dans
les 15 à 20 premiers mm du sédiment. Dans au moins 4
carottes, des frustules "vides" sont présents au dela de la
couche de sédiment dans laquelle sont encore observées des Diatomées vivantes.
C'est toujours dans les 3 premiers mm du sédiment que les
Diatomées vivantes sont les plus nombreuses et les plus diverses
; leur concentration diminue ensuite plus ou moins vite. Dans 2
carottes de sable fin/moyen, des Diatomées vivantes ne sont
observées que dans les 6 mm supérieurs tandis que dans
les trois autres, elles sont présentes jusqu'à 10 mm de
profondeur. Dans 2 des 3 carottes de sable moyen/grossier ou grossier,
des Diatomées vivantes sont observées jusqu'à
15-20 mm de profondeur.
Dans la majorité des carottes, il n'apparaît pas une
répartition différentielle des espèces en fonction
de la profondeur dans le sédiment. Les espèces
observées au-dela des 3 premiers mm de sable sont souvent diverses
espèces de petite taille présentes en surface.
Cependant, dans la carotte de sable moyen/grossier, les Diatomées vivantes
présentes entre 6 et 20 mm sont essentiellement des colonies
actives de Bacillaria paxillifer,
regroupant 1 à 3 dizaines de cellules. Entre 3 et 6 mm cette
espèce domine aussi, tandis qu'elle représente une
proportion moindre de la population diatomique présente dans les
3 premiers mm (environ 8 % de la totalité des espèces
vivantes).
Sur un sable des côtes américaines, il a été observé (Round, 1979 ; cf bibliographie) que les Diatomées présentes à la surface du sédiment, étaient des
espèces mobiles tandis que, un peu plus profondément
(entre 4 et 7 mm), vivaient des Diatomées peu mobiles
inféodées aux grains de sable (espéces
épipsammiques strictes). D'autres travaux (rapporté par Riaux-Gobin, 1997 ; cf bibliographie)
indiquent que des espèces petites et mobiles occupent la
surface du sédiment, tandis que des espèces plus grandes
et peu mobiles, mais aussi, adaptées à l'anoxie et
à un éclairement faible (capacité à
l'hétérotrophie), sont présentes quelques mm plus
profondément.
Ces études ont porté sur des milieux meubles de la zone
médiolittorale. Nos premières observations portant sur
des sables infralittoraux ne suggèrent pas une telle micro-répartition. La présence observée de Bacillaria paxillifer
dans la profondeur du sédiment suggère que cette
espèce euryhaline pourrait avoir une capacité
à l'hétérotrophie, encore que l'on ne puisse
exclure que la mobilité de ses colonies lui permette de faire
des incursions relativement brèves dans la profondeur du
sédiment.
L'étude de tels micro-étagements dans les
sédiments meubles est rendue complexe par le fait que
divers facteurs interviennent. Citons entre autres la composition de la
population diatomique présente laquelle subit des variations temporelles,
la granulométrie, la compaction et la composition
minéralogique du sédiment, ainsi que sa teneur en
matière organique.
Par ailleurs, le fait que des Diatomées vivantes soient
observées entre 15 et 20 mm de profondeur dans des carottes de
sable moyen/grossier ou grossier
dont la porosité facilite la circulation de l'eau, pose la
question d'un éventuel déplacement artéfactuel des
Diatomées après obtention des carottes.